Fév 19 2005

Côte d’Ivoire (17-18 février 2005)

Dès l’annonce des événements de novembre 2004, j’avais souhaité me rendre en Ccte d’Ivoire pour soutenir nos compatriotes. Mais le Quai d’Orsay m’en avait alors dissuadée, invoquant les obligations de sécurité et le rapatriement des Français en cours. J’ai donc attendu le mois de février, pour effectuer ce déplacement, à l’invitation de notre ami Michel Tizon, également président de la Chambre de commerce française de Côte d’Ivoire. Il avait en particulier organisé de main de maître un déjeuner-débat avec plus de 200 de nos chefs d’entreprise sur place. Là encore j’ai été accueillie à bras ouverts. Aucune «personnalité» française ne s’y était rendue depuis l’été 2004 et l’impression générale était celle d’un certain « abandon ». La réception offerte par l’Ambassadeur, où j’ai également retrouvé Catherine Rechenmann, était ainsi la première depuis les tragiques événements. J’ai ressenti ce besoin immense de nos compatriotes de parler, de se confier, de raconter leur détresse, leur incompréhension, leurs peurs mais aussi toute leur reconnaissance aux troupes françaises.

7 500 Français sont encore sur place, beaucoup d’entre eux, évacués en novembre, sont revenus ensuite, persuadés de ne pouvoir s’adapter à une vie en France, dans l’espoir de rebâtir un avenir sur une terre qu’ils aiment profondément.

Mais les interrogations demeurent, et pas seulement en ce qui concerne la politique de la Côte d’Ivoire envers nos ressortissants. J’ai ainsi été reçue par les présidents ivoiriens des commissions des affaires étrangères, Youssouf Bakayoko, et de la défense, Laurent Akoun, pour un échange de vue sur les perspectives des relations entre nos deux pays. Mais peut-on vraiment croire désormais en leurs propos rassurants ? Et qu’en sera-t-il de notre présence institutionnelle française ? Comment ne pas désespérer en visitant les locaux ravagés de ces écoles qui étaient notre fierté ? L’on parle beaucoup d’un retrait de la France et de ses troupes. Qu’adviendra t-il de la sécurité de nos ressortissants si les hommes de Licorne et du 43ème BIMA quittent le territoire ? Un survol en hélicoptère de la zone d’Abidjan m’a fait apprécier toute la difficulté d’une véritable opération de protection de nos ressortissants. La manière dont nos forces, sous le commandement du Général Poncet, ont géré leur évacuation était remarquable, et le fait qu’il n’y ait pas eu de morts tient du miracle. Un miracle qui ne pourra se reproduire si comme on nous le laisse entendre, les Ivoiriens se dotent de missiles sol-air capables de détruire avions et hélicoptères.