Oct 21 2011

Développement : la crise… une opportunité ?

« La crise est une opportunité de décider plus vite » a souligné ce matin Nicolas Sarkozy à l’issue de la conférence du G20 sur le Développement. Insistant notamment sur l’urgence de mettre en place une taxe sur les transactions financières afin de contribuer au financement du développement, il a qualifié d’ « hypocrite » la posture de ceux qui admettent le principe d’une telle taxe tout en conditionnant sa mise en œuvre à un accord de l’ensemble des pays du monde. Pour convaincre du bien fondé d’une telle mesure, il en appelle non seulement à la morale, mais aussi au principe d’efficacité – l’accroissement de la consommation et de l’investissement dans les pays les moins avancés étant essentielle pour atteindre une croissance mondiale durable.

La crise de la dette dans les économies avancées et l’impératif de réduction des dépenses publiques ne doivent en aucun cas servir d’excuses pour occulter la responsabilité de chaque État à œuvrer en faveur d’un développement partagé, a également insisté le Président. Un message qui me semble particulièrement pertinent, tant la crise mondiale actuelle semble due, au-delà des égarements du système financier, à l’aggravation de déséquilibres économiques et sociaux à toutes les échelles.

Cette articulation entre la « dimension sociale de la mondialisation » et la bonne santé du système économique a d’ailleurs été au cœur d’une passionnante table-ronde, autour de Gilles de Robien (Ambassadeur, Délégué du gouvernement français auprès de l’Organisation Internationale du Travail), Martin Hirsch (Président de l’Agence pour le Service civique, ancien Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et membre de la commission Bachelet pour promouvoir la protection sociale), Iolanda Cintura (Ministre mozambicaine chargée des Femmes et de l’Action sociale), Vinicius Pinheiro (sherpa de l’OIT au sein du groupe de travail G20 Développement), Muriel Pénicaud (Directrice générale des Ressources Humaines de Danone) et Olivier Bernard (Président de Médecins du Monde).

La mise à l’ordre du jour du G20 de discussions sur la création d’un « socle de protection sociale » est révélatrice de l’émergence d’une nouvelle priorité sur l’agenda mondial. L’enjeu n’est bien sûr pas de créer un système de sécurité sociale mondialisé, mais plutôt de soutenir tous les États – même les plus pauvres – dans leurs démarche de création de dispositifs de garanties sociales minimales au bénéfice de l’ensemble de leurs populations. Un objectif ambitieux reposant bien sûr principalement sur le volontarisme de chaque gouvernement, mais nécessitant aussi la mobilisation de financements innovants et l’implication d’une multitude d’autres acteurs : organisations intergouvernementales, ONG et même entreprises privées.

L’exemple du groupe Danone, qui s’engage pour mettre à la disposition de l’ensemble de ses salariés dans le monde une couverture santé de base, est particulièrement éclairant de la manière dont la lutte contre la précarité sociale peut mobiliser une grande variété d’acteurs économiques, non seulement au nom de leur responsabilité sociale, mais aussi dans la défense de leur intérêt bien compris. Un « dumping social à l’envers » qu’il est urgent d’encourager !