Nov 02 2011

La Grèce nous replonge dangereusement dans l’incertitude…

L’Europe traverse, aujourd’hui, une des plus graves crises et des plus grandes épreuves de son histoire et la décision que vient de prendre le Premier Ministre grec de soumettre les accords du récent sommet européen de Bruxelles à referendum dans son pays est incompréhensible et lourde de conséquences.

L’accord trouvé la semaine dernière, lors du sommet de l’euro pour sauver la Grèce, avait redonné un peu d’optimisme aux observateurs internationaux et permettait, enfin, à l’Europe de reprendre un peu son souffle. Mais, la décision grecque fait à nouveau planer une incertitude qui ne serait levée, au mieux, que courant janvier si tant est que le peuple grec, malgré sa colère, valide par referendum les accords de Bruxelles.

Si l’on tient compte de l’histoire tumultueuse de la Grèce, tant sur le plan politique qu’économique, les seize autres pays de la zone euro peuvent légitimement se sentir en danger.

La convocation d’une réunion de travail interministérielle à l’Elysée, dès hier soir, autour du Président de la République et du Premier Ministre, en atteste mais montre en même temps que la France ne restera pas sans réagir.

Parlementaire, membre de la Commission européenne au Sénat, je participerai, tout à l’heure, à une réunion de travail qui portera sur le fond européen de stabilisation financière, les textes actuellement en discussion sur la régulation financière et surtout la situation économique et financière de la Grèce.

Chargée d’étudier les progrès effectués par Athènes en matière de lutte contre les déficits publics et de désendettement et d’autoriser le versement de la sixième tranche du plan d’aide (8 milliards d’euros dont 5,8 milliards versés par la zone euro et 2,2 par le FMI), une « troïka », réunissant des membres de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, a conclu sa cinquième mission d’évaluation de la situation économique et budgétaire hellénique le 11 octobre.

Le rapport de cette ultime mission, que nous étudierons demain, souligne l’impact d’une récession plus forte que prévu, mais aussi les dérapages observés dans la mise en place de certaines mesures d’ajustement qui empêchent la Grèce d’atteindre ses objectifs, comme les retards importants constatés dans la préparation de la liste des actifs à privatiser.

La « troïka » estimait cependant que les mesures additionnelles annoncées par le gouvernement grec devaient être suffisantes pour répondre au moins aux objectifs de 2012. Sur la base de ces conclusions, l’Union européenne et le FMI ont donc décidé d’autoriser le versement de la sixième tranche du plan d’aide.

Par ailleurs, le 26 octobre, les chefs d’États et de gouvernements de la zone euro ont également prévu de majorer la perte sur les titres détenus par les banques à 50 % de leur valeur. Cette décote, devrait permettre à la Grèce de ramener son endettement public à 120 % du PIB en 2020.

Une décote qui engendrera notamment une recapitalisation des établissements financiers par le biais du Fonds européen de stabilisation financière dont, en premier lieu, des établissements financiers grecs qui détiennent 15 % de la dette souveraine de leur pays.

Les efforts du reste du monde – et notamment des européens – envers la Grèce sont donc considérables et l’ensemble de ces mesures devaient contribuer à remettre le pays le plus en difficulté d’Europe sur le bon chemin. La décision du gouvernement de Georges Papandreou pourrait donc tout remettre à plat et, même, être vécue comme un affront par le reste de ses partenaires européens. La Grèce nous replonge donc dangereusement dans l’incertitude…