Avr 11 2012

A Marseille pour l’Assemblée parlementaire de l’OTAN

C’est à Marseille, dans cette ville qui, plus que toute autre, s’est inscrite dans l’histoire de la Méditerranée et des interactions et interdépendances entre les peuples du Nord et du Sud de cette Mare Nostrum,  que se tient jusqu’à vendredi, dans le bel hémicycle du Conseil régional, où est présentée en parallèle une poignante exposition-photos sur les Printemps arabes, un séminaire sur les transitions politiques et économiques dans les pays du Maghreb, du Machrek et du Golfe persique. Séminaire dont je dois présider jeudi la partie consacrée aux dynamiques sociales et à l’impact de la société civile et des nouveaux media sur l’avenir de ces régions.

Parlementaires et experts de 29 pays, venus de tous les Etats membres de l’OTAN, mais aussi d’autres pays non membres du pourtour de la Méditerranée, participent à ce séminaire, qui s’avérait indispensable au regard des récents soubresauts au Moyen-Orient et de la nécessité absolue d’analyser les réponses et l’accompagnement à apporter à cette région du monde.

Après un message de bienvenue de Michel Vauzelle, président du Conseil régional, de Karl Lamers, président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN , c’était au tour du président de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, le sénateur jordanien Fayez Al-Tarawneh de réaffirmer nos valeurs communes de démocratie, de règle du droit et de liberté d’expression en insistant sur la nécessité absolue d’utiliser des outils complémentaires à la diplomatie traditionnelle pour favoriser les transitions démocratiques et le processus de paix, par exemple par une aide à la mise en place de garanties constitutionnelles.

Face à l’immense espérance soulevée dans ces régions par les Printemps arabes, nous n’avons pas le droit de décevoir. Un premier constat partagé est celui de notre échec à prévoir l’imminence de ces Printemps arables, et peut-être aussi notre passivité, beaucoup de nos pays préférant fermer les yeux sur certaines atteintes par les autocraties en place à nos valeurs universelles par crainte d’une déstabilisation dans cette région poudrière. Le deuxième est que nous devons rester modestes face à nos capacités d’intervention et de régulation qui ne doivent se faire que dans un cadre de coopération régionale, les peuples de ces pays eux-mêmes devant rester les seuls maîtres de leurs destins réciproques.

Les problématiques sont complexes. Que faire notamment face à la menace iranienne et à la crise gravissime qui secoue aujourd’hui la Syrie ? Une intervention extérieure est-elle indispensable et n’aurait-elle pas de conséquences perverses sur toute la région, avec un risque réel d’embrasement ? Les analogies avec la Libye ou l’Irak ne semblent pas pertinentes, car les circonstances y sont très différentes. Qui devrait mener les frappes aériennes, et comment les cibler pour éviter de toucher une population déjà fragilisée ? Comment protéger alors  les minorités ethniques et religieuses ? 10 millions de kurdes vivraient en Iran, un tiers appartenant à la minorité shiite, un autre à la religion Ahl-e-Haqq, le dernier  tiers appartenant au courant sunnite, parmi lesquels s’expriment les revendications autonomistes les plus importantes, et sont victimes de répression. Comment assurer leur sécurité, comme celle des réfugiés ? La Turquie devrait jouer un rôle déterminant pour la résolution de la crise syrienne. Comment contourner le veto russe contre les sanctions, sans doute un moyen pour la Russie de s’affirmer sur la scène internationale ?

Le plus grand des défis est bien sur le blocage des discussions israélo-palestiniennes et le blocus de la bande de Gaza, entrainant frustrations déstabilisation et insécurité de la zone.  Le délégué palestinien Ilan Halevi insistera sur le fait que le Fatah a pour axe stratégique une résistance de masse non violente, non armée et n’a que des exigences en conformité avec le droit international et la conférence de Madrid de 1991, aux termes desquels l’action d’Israël est condamnable puisque les parties devaient s’abstenir de toute action de colonisation. Le Fatah tout comme le Hamas souhaiteraient  revenir à la base territoriale des frontières fixées en 1967 avec la création d’un Etat palestinien et la réunification des territoires de Gaza et Cisjordanie, seul moyen d’organiser des élections libres, afin de renouveler le mandat de l’autorité palestinienne en accroissant sa légitimité.

La reconnaissance par l’UNESCO a été une grande victoire, mais une victoire symbolique et le chemin reste long et semé d’embûches. Dans ce contexte, Halevi nous fait une proposition innovante, particulièrement bien adaptée à ce séminaire de notre Assemblée parlementaire de l’OTAN. Il nous demande en effet d’agir pour que des forces de maintien de la paix de l’OTAN soient stationnées sur la frontière de 1967, suggérant même, face au probable refus israélien,  que les forces soient installées du côté palestinien. Selon lui, l’OTAN est le seul appareil capable de mettre en place une telle initiative à l’échelle internationale. Ce serait une contribution considérable au processus de paix.