Mai 07 2015

Hongrie (15-18 mai)

11222642nLa tenue de notre session de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN au Parlement hongrois durant le week-end ne m’a cette fois pas laissé le temps d’organiser une permanence consulaire en faveur de nos compatriotes, qui sont environ 5 000 à être installés en Hongrie (dont 2 400 inscrits au registre consulaire). J’avais néanmoins déjà pu faire le point sur leur situation lors de mes précédents voyages en 2011 et 2012. J’ai également pu faire le point sur la présence française avec notre Ambassadeur Roland Galharague, lors du dîner qu’il a organisé pour les membres français de notre délégation.

La Hongrie est membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie depuis 2004 et notre pays y rayonne par ses entreprises (la France est le 10ème fournisseur de la Hongrie et son 6e client), mais aussi par son dense réseau culturel (Institut français, Alliances françaises, lycée français, sections bilingues francophones dans des établissements hongrois, double-diplômes avec des établissements français…). Les relations bilatérales se sont particulièrement densifiées après la visite du Président de la République Nicolas Sarkozy à Budapest en 2007 qui avait permis d’établir les bases d’un partenariat stratégique, signé en 2008.

Néanmoins, les réformes engagées par Viktor Orban depuis 2011 ont suscité débats et inquiétudes en Europe, notamment quant à la conformité au droit européen et aux valeurs de l’UE de la nouvelle législation. Une résolution sur la situation en Hongrie adoptée par le Parlement européen le 16 février 2012, évoquait même la possibilité d’activation de la procédure de l’article 7 du TUE, c’est à dire le constat par le Conseil d’un risque clair de violation des valeurs de l’Union pouvant conduire à la suspension du droit de vote. Le 25 juin 2013 l’Assemblée parlementaire du conseil de l’Europe (APCE) est allée moins loin en renonçant à ouvrir une « procédure de suivi » à l’égard de la Hongrie, mais a tout de même annoncé vouloir y « suivre de près l’évolution de la situation ». Il est clair que cette situation pèse sur le développement des échanges bilatéraux et multilatéraux. Notre délégation a notamment pu l’évoquer lors de notre échange avec László Kövér, président de l’Assemblée nationale de Hongrie.

Au cours de cette session de l’AP-OTAN, nous avons beaucoup débattu des sanctions à l’encontre de la Russie et de la situation en Ukraine, mais aussi des enjeux en Afghanistan et en Asie centrale.

En tant que Rapporteur général, j’ai également présenté et fait adopter mon second rapport sur le terrorisme. Dans celui de l’année dernière, j’avais insisté sur la nécessité de ne pas sous-estimer la volonté des groupes extrémistes issus de la mouvance Al-Qaida de s’attaquer, au-delà de leurs ambitions hégémoniques au Moyen-Orient, à nos sociétés sur nos propres territoires. Mes collègues m’avaient alors trouvée trop pessimiste… Les faits m’ont depuis hélas donné raison. Rapports, débats et commissions d’enquête se multiplient sans arriver à endiguer le phénomène, conforté par les ressources considérables (Trafic de drogue, d’armes, d’œuvres d’art, blanchiment d’argent, revenus du gaz et du pétrole, rançons etc.) que Daesh met au service de ses ambitions et de sa politique de recrutement. D’après les dernières estimations, ce sont plus de 20 000 combattants étrangers qui se trouvent aujourd’hui en Syrie et en Irak dont 4 à 5000 en provenance d’Europe de l’Ouest. Et il y en aurait plus de 6000 en Afghanistan, Yémen, Libye etc.. Mais l’enjeu est aussi celui du « terrorisme endogène », perpétré par des « terroristes de l’intérieur », sans lien direct avec les groupes extrémistes d’Afrique ou du Moyen-Orient. Ce dossier de la radicalisation est donc au coeur de mon rapport de cette année. Il  soulève des questions complexes qu’il est nécessaire d’analyser rapidement de manière approfondie. Il est aussi urgent de renforcer la coopération internationale sur ces questions.