Avr 07 2016

A la prison de Fresnes pour mieux comprendre la radicalisation en prison

fresnes

Avec l’aumônier de la prison de Fresnes

Accompagnée d’une équipe de France 4, je me suis rendue à la prison de Fresnes afin de mieux appréhender la réalité de la condition carcérale et les complexités du phénomène de radicalisation en prison – 15% des terroristes se seraient radicalisés lors d’un séjour en prison.

J’ai été accueillie par le directeur de l’établissement, Stéphane Scotto, qui m’a fait prendre la mesure de l’ampleur de sa tâche : 2 976 personnes incarcérées (dont 126 femmes) alors que la capacité de Fresnes n’est que de 1500 personnes, le tout dans un contexte de baisse budgétaire : 12 millions d’Euros cette année contre 14,5 millions en 2015 (et 19 millions dépensés). Sans compter les obstacles matériels et juridiques à une surveillance efficace: des fouilles rendues difficiles depuis la loi du 24 novembre 2009 (ce qui permet par exemple à certains d’introduire en prison de mini téléphones difficilement décelables) ou encore l’interdiction d’écoutes des conversations téléphoniques depuis des appareils clandestins dans les zones non brouillées. Suite à cette visite, j’ai d’ailleurs déposé une question écrite pour interroger le ministère sur le paradoxe qu’il y a à pouvoir écouter les conversations passées depuis un téléphone fixe de la prison et l’impossibilité légale plus que pratique de surveiller celles menées à l’aide d’appareils portables clandestins.

J’ai aussi constaté la rudesse des conditions de vie (des cellules de 10m2 à peine, qui ne devraient accueillir qu’une personne et où 3 personnes s’entassent) heureusement contrebalancée par une grande propreté des espaces communs : un terrain de sport décoré de fresques financées par une ONG, des espaces publics préservés qui semblent ne pas avoir changé depuis la création de la prison en 1898 et même des tableaux peints par les détenus eux-mêmes.

J’ai également eu la chance de pouvoir m’entretenir longuement dans leur cellule avec des terroristes -ou supposés tels- mis à l’isolement après un assassinat ou à leur retour de Syrie. Des échanges très instructifs pour moi et pour le troisième rapport sur le terrorisme que je prépare pour l’Assemblée parlementaire OTAN.

Voir ma question écrite
→ Consulter mes rapports pour l’AP-OTAN sur le terrorisme de 2014 et 2015