Juin 18 2018

Francophonie : les nouvelles technologies à la rescousse

Avec ma collègue députée Marietta Karamanli, je copréside un groupe de travail sur les technologies numériques au service de l’enseignement du français dans le cadre de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, dont j’ai été élue Secrétaire générale pour la France.

L’enjeu est de taille : promouvoir et développer l’enseignement électronique du français est un élément essentiel pour compenser le manque d’enseignants de français dans de nombreux pays du monde et faire ainsi vivre la francophonie et lui rendre sa grandeur, ainsi que je le soulignais dans une tribune dans le Figaro il y a quelques mois. Face à une concurrence internationale croissante, nous devons absolument faire un effort en faveur du rayonnement de la langue française. Notre réseau culturel à l’étranger doit demeurer un élément essentiel de cette stratégie mais il est également essentiel de tirer partie des opportunités ouvertes par les nouvelles technologies.

L’offre française d’outils pédagogiques est relativement riche (bibliothèques numériques, Culturetech, etc.) et les  CLOM, cours en ligne ouverts à tous (version française des MOOC) en sont un bon complément. Ils permettent en effet de rendre le français accessible aux personnes ne pouvant ou ne voulant pas se déplacer et aident à pallier le manque d’enseignants. Ce déficit de personnel enseignant francophone est de plus en plus préoccupant, car il est un vrai frein au développement de l’enseignement du français et en français dans le monde. Pour y apporter une réponse, j’avais déposé le 14 septembre une proposition de loi tendant à instaurer un volontariat international d’enseignement en français, sorte de service civique de 6 à 24 mois permettant à de jeunes français d’accomplir une mission de soutien et d’accompagnement de l’enseignement du français à l’étranger. C’est pour moi un enjeu absolument essentiel ainsi que je le rappelais au Président de la République dans un courrier du 8 février dernier.

Les nouveaux outils numériques induisent une nouvelle approche de l’enseignement en ce qu’ils favorisent l’usage de la langue. Cela permet d’apporter aux apprenants un usage du français ancré dans le réel, et place la francophonie au contact du monde du travail. Ce n’est qu’en recourant à des méthodes novatrices et adaptées comme celles-ci que nous parviendrons à faire de la maîtrise de la langue française un véritable critère d’employabilité. Déjà, de grandes tendances se dessinent et je suis heureuse de voir que nous allons vers une plus grande utilisation des médias et techniques de télécommunications modernes. A ce titre, je salue des initiatives comme celle de TV5 Monde qui, pionnier en ce domaine, met à disposition des apprenants des outils incluant des documents issus de leur production afin de promouvoir une démarche d’apprentissage intégré, permettant de progresser en français par le biais de matériaux authentiques (émissions de tv, documents radios, etc.).

Mais n’oublions pas que le monde des technologies numériques est en constante évolution et que l’obsolescence y est très rapide. Pour toujours rester en phase avec les enjeux actuels il m’apparait essentiel de laisser une grande autonomie aux établissements d’enseignement, tant dans la conception que le développement et l’utilisation des outils numériques. Une importante souplesse est nécessaire pour garantir réactivité et inventivité face aux besoins des utilisateurs. A charge des pouvoirs publics d’intervenir pour soutenir à grande échelle des initiatives qui ont fait leurs preuves, initier des stratégies, appuyer financièrement des programmes de développement ou structurer une filière. Si nous sommes encore loin du modèle finlandais (dont j’ai pu constater l’efficacité à l’occasion d’un déplacement sur place en mai dernier), nous sommes néanmoins sur la bonne voie !

Nous nous réunissons régulièrement dans le cadre de ce groupe de travail pour auditionner des experts et des professionnels de ce domaine. Parmi les personnalités que nous avons auditionnées ces dernières semaines : Aïcha Moutaoukil, conseillère diplomatique du recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), Abdelkader Zighed, directeur du numérique à l’AUF, Francky Blandeau et Christophe Chaillot, respectivement responsables au sein de l’Institut français du département de la langue française, du livre et des savoirs et du pôle sur la langue française, Olivier Ortiz, directeur des relations internationales du Centre d’approches vivantes des langues et des médias / Alliance française (CAVILAM), Thomas Meister, vice-président en charge de la communication de la société OpenClassrooms, Gérard Ribot, directeur de l’Agence de promotion du français langue étrangère (FLE, Marianne Condé-Salazar, directrice des relations internationales de l’enseignement et du français des affaires de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, ainsi que des représentants de Radio France International : Christophe Champin, adjoint à la directrice en charge des environnements numériques, Pascal Paradou, chargé des opérations culturelles et de la francophonie,  Lidwien Van Dixhoorn, responsable du service langue française et Fanny Boyer, adjointe au directeur en charge des relations institutionnelles. Ces interlocuteurs de grande qualité nous ont apporté des éléments qui nourrissent ce débat passionnant et indispensable au rayonnement de notre langue.

Toujours dans le cadre de ce groupe de travail, nous auditionnerons le 3 juillet prochain Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, sur l’action et les projets du gouvernement en matière de francophonie. Je ne manquerai pas, comme toujours, de vous tenir informés !