Déc 12 2012

Pour l’audiovisuel extérieur français : encore un effort (Libération)

Par Joëlle GARRIAUD-MAYLAM (UMP) et André VALLINI (PS). Rapporteurs pour avis du programme Action audiovisuelle extérieure de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat

L’audiovisuel extérieur français, à travers TV5 Monde, France 24 et RFI, permet le rayonnement de la France à l’étranger notamment par la promotion de la culture française et la diffusion d’un point de vue français sur les affaires du monde. Ces objectifs sont ambitieux : ils doivent s’accompagner des moyens nécessaires. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement d’abonder le budget de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF)grâce au supplément de recettes induit par la majoration du taux de la redevance. Ce complément de ressources est indispensable si nous voulons construire dès 2013 un projet cohérent, redonner un nouveau souffle aux antennes dans un paysage hautement concurrentiel (près de 60 chaînes internationales !).

Pour sortir d’une crise qui n’en finissait plus, le gouvernement, s’appuyant sur les conclusions du rapport de Jean-Paul Cluzel, a décidé une réforme fondée sur la reconnaissance d’une identité forte des antennes dotées de rédactions distinctes. Une nouvelle présidente, Marie-Christine Saragosse, a été nommée et une nouvelle équipe de direction mise en place. La démarche de projet d’entreprise a été lancée, et elle débouchera au printemps prochain sur la conclusion d’un contrat d’objectifs et de moyens.

Dans cette société marquée par quatre années de crise profonde, avec deux plans sociaux qui ont vu le départ de plus de 300 salariés, un projet contesté de fusion des rédactions et un plan d’affaires reposant sur des conjectures trop optimistes en matière de ressources publicitaires, le climat social reste tendu.

Pourtant, dans ses diverses composantes, l’AEF a vu son audience progresser, comme sa notoriété. La qualité du suivi des révolutions arabes et les pics d’audience durant cette période ont confirmé la pertinence pour la France de disposer de chaînes d’information internationales diffusant en plusieurs langues (RFI, France 24, et MCD, filiale arabophone de RFI). Pour les auditeurs et téléspectateurs du monde entier, l’audiovisuel extérieur français permet d’avoir accès à une information fondée sur des principes d’éthique journalistique et d’indépendance éditoriale forts, ce qui est loin d’être partout le cas.

Or les ressources publiques affectées à l’AEF sont insuffisantes qui restent stabilisées à leur niveau de 2012 (239,2 millions d’euros), très inférieur à celui atteint en 2011 (291,1 millions d’euros). Les ressources propres de l’AEF ont été manifestement surestimées et ne permettent pas de répondre au défi budgétaire actuel. L’AEF doit faire face à des charges inéluctables, qui résultent de la réorganisation des rédactions, du retard dans le déménagement de RFI vers le siège de l’AEF ou de la négociation d’un accord collectif suite à la fusion de février 2012. Tout ceci oblige l’AEF à réduire ses ambitions de programmes. Exit le maintien d’une grille différenciée de RFI pour l’Afrique, exit l’enrichissement de la matinale de France 24, pourtant la tranche la plus appréciée, exit le renforcement de la rédaction en langue arabe alors que les attentes sont grandes d’une présence française dans cette partie du monde.

Comment ne pas s’alarmer de la contradiction entre les ambitions affichées par la réforme et l’absence de moyens pour les mettre en oeuvre ? Nous espérons donc que le gouvernement saura saisir l’occasion de l’examen du projet de loi de finances en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale pour apporter le complément de ressources indispensable à l’AEF et donc au rayonnement international de la France.