Oct 24 2014

Birmanie: des coopérations à multiplier (La Revue Parlementaire)

Article publié dans La Revue Parlementaire n°964 – octobre 2014 :

COUV-RP-964

Présidant depuis 2004 le groupe d’amitié France-Birmanie du Sénat, j’ai eu le privilège de pouvoir observer les bouleversements de ce pays en pleine mutation. L’enjeu principal était celui du desserrement de l’étau de la junte et de la mobilisation internationale en faveur des prisonniers politiques. Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix 1991 pour son engagement non-violent en faveur de la démocratisation du pays était alors en résidence surveillée. Ce fut une grande émotion de pouvoir enfin la rencontrer à Oslo, en 2012, lorsqu’avec 20 ans de retard elle pu aller y chercher son prix et faire son discours d’acceptation ! Si le mouvement de démocratisation et d’ouverture au monde de la Birmanie est réel, le volet politique demeure préoccupant. Suu Kyi est libre, mais la liberté d’expression et de mouvement est loin d’être garantie. C’est ainsi qu’en 2012, le groupe d’amitié dut renoncer à une réunion avec Min Ko Naing, sa visite ayant été annulée faute d’avoir pu obtenir des autorités birmanes un visa de sortie. La répression contre les Rohingas, la corruption endémique et la difficulté à éradiquer le travail forcé font partie des thématiques pour lesquelles la communauté internationale peut et doit jouer un rôle. Les élections présidentielles de 2015 représentent à cet égard une échéance cruciale.

Dès 2011-2012, la levée des sanctions internationales, sortant la Birmanie de son face-à face forcé avec la Chine, a entraîné une véritable ruée vers le pays, notamment de la part des Etats-Unis et du Japon. La France et l’Europe, qui tendent à n’utiliser que la Thaïlande comme porte d’entrée dans l’ASEAN, se doivent d’être davantage présentes.

Le développement des coopérations politiques, culturelles et techniques constitue un enjeu majeur, tant sur le plan commercial que géopolitique et sécuritaire – la Birmanie restant le deuxième producteur mondial de drogues. La refondation des corps intermédiaires, des médias et ONG jusqu’aux corps administratifs, constitue par exemple un véritable défi. La France a une expertise à partager en la matière. Le groupe d’amitié France-Birmanie du Sénat s’efforce d’encourager de tels liens, comme ce fut le cas lorsque j’ai accompagné en 2013 l’alors ministre du développement Pascal Canfin pour rencontrer le Vice-Président de la République, plusieurs ministres, le maire de Rangoun, et de nombreux parlementaires, dont Aung San Suu Kyi. Plusieurs conventions ont alors été signées, impliquant notamment l’AFD et Canal France International, pour des projets dans le domaine de la santé, du développement rural, de l’eau, de la coopération culturelle et de la formation des journalistes.

La coopération franco-birmane est appelée à se développer tous azimuts, et doit s’inscrire au cœur du dialogue entre l’Union européenne et l’ASEAN.