Nov 30 2017

Le « soft power » français sacrifié sur l’autel budgétaire ?

000_ss6yrMa tribune publiée par Atlantico :

Plus les mots sont forts, plus cruellement le manque de substance se fait ressentir… Lors de l’inauguration du Louvre Abou Dhabi, le Président de la République a prononcé un discours magnifique sur la francophonie. Pourtant, son arrivée au pouvoir n’a pas permis de contrebalancer 5 années de baisse continue des budgets culturels et éducatifs français à l’étranger.

Bien au contraire, sa première « grande » décision a été d’annuler 33 millions d’euros du budget 2017 de l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Etranger (AEFE) ce qui aura pour conséquences inéluctables des centaines de suppressions de postes et une hausse des frais de scolarité dans de nombreux établissements – alors même que le coût de la scolarité dans nos établissements était déjà prohibitif pour beaucoup de familles…

Le projet de budget 2018 n’est guère plus rassurant, avec notamment une baisse de 5,15% des crédits d’intervention du réseau culturel, une stagnation au point bas des crédits de l’AEFE, de Campus France et de l’Institut français et une sérieuse coupe de 11,3% des subventions aux Alliances françaises… le tout sur fond de réaffectation de certains budgets vers des dépenses de sécurisation des implantations et de suppression de la réserve parlementaire qui jouait jusque là un rôle d’appoint appréciable.

De même France Médias Monde enregistre une baisse de subventions de 1,9 millions d’euros ce qui risque de l’obliger à supprimer sa diffusion aux Etats-Unis et alors même que nombre de postes d’attachés audiovisuels dans les ambassades ont été supprimés.

La France peut s’enorgueillir d’avoir « créé » le concept de « soft power » avec ses Alliances françaises qui sont aujourd’hui plus de 800 de par le monde, toutes sous le format d’association de droit local, et pour une petite moitié d’entre elles conventionnées et subventionnées par les ambassades. Année après année, le réseau culturel s’est enrichi des Instituts français (au nombre de 124 aujourd’hui, dont 98 pluridisciplinaires et 26 de recherche), des écoles du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger et de la Mission laïque française (492 établissements dans 137 pays, scolarisant 350 000 élèves dont 60% d’étrangers) et de multiples autres initiatives plus locales, telles que les programmes FLAM ou les filières bilingues parfois labellisées FrancEducation. Pourtant, force est de constater qu’au cours de la dernière décennie notre présence et notre rayonnement ont lourdement souffert des restrictions budgétaires. Il est de notre responsabilité de préserver et développer ce réseau, facteur non seulement d’influence géopolitique et culturelle mais aussi de dynamisme économique et commercial.

C’est ce que je m’efforce de défendre dans l’hémicycle. J’ai aussi déposé une proposition de loi tendant à créer un fonds pour la présence et le rayonnement français à l’étranger, qui permettrait, s’il voyait le jour, de créer un effet de levier entre les maigres financements publics et des ressources complémentaires d’origines privées, françaises et internationales.