Plusieurs compatriotes m’ont écrit pour me faire part de leur inquiétude quant aux récentes déclaration de Marine Le Pen et de certains élus UMP sur l’évolution du droit en matière de double-nationalité. En tant que sénateur représentant les Français de l’étranger (dont environ la moitié sont des binationaux!), je ne peux que réagir vivement à ces propos, même lorsqu’ils émanent de personnalités d’un parti auquel je suis bien sûr très attachée.Ne nous y trompons pas, la vindicte de Marine Le Pen vise avant tout les binationaux résidant en France et, parmi eux, les Français ayant aussi une nationalité maghrébine. Ceci constitue un réduction extraordinaire du champ du débat ! Comme le souligne notre excellente ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet « bon nombre de nos concitoyens, selon les histoires familiales ou le hasard du lieu de naissance, sont français et allemand, français et suisse, français et américain« .
Statistiquement, les binationaux représentent près de la moitié (44%) des Français établis hors de France et jusqu’à 50% en Amérique du Nord, 60% en Suisse, en Italie ou en Belgique et…76% au Proche et au Moyen-Orient ! Nous avons ainsi 660 000 ambassadeurs de notre pays répartis tout autour du globe.
Au lieu de nous focaliser sur d’hypothétiques conflits de loyauté (un argument qui me semble plutôt tenir de la recherche de bouc-émissaires), nous devrions donner à la France une chance d’exploiter ce formidable réservoir d’influence, en valorisant mieux ces personnes-ressources et en resserrant les liens qui les raccordent à la France, au lieu de les stigmatiser, que ce soit par une réforme du droit de la nationalité ou en les pénalisant sur le plan fiscal.
Potentiels relais d’influence à l’étranger sur le plan économique, diplomatique et culturels, les binationaux, qu’ils vivent sur notre territoire national ou hors de France, ont aussi une responsabilité unique pour prévenir un « choc des civilisations » et des tensions communautaristes. La possession d’une double culture et la maîtrise de deux langues (ou plus!) est non seulement une chance pour les familles mais aussi un moyen pour elles d’être des facteurs de rapprochement et de compréhension entre deux mondes.
Mon attachement à la défense de la double-nationalité transparaît dans nombre de mes travaux. Au Sénat, j’ai toujours veillé à ce que la situation des binationaux établis hors de France ne soit pas oubliée, notamment chaque année lors du vote de la loi de finances ou au sein de mes propositions de loi (par exemple sur la création d’un fonds de solidarité pour les Français de l’étranger). Encore tout récemment, dans une lettre à Nicolas Sarkozy sur la réforme de la fiscalité des Français de l’étranger que j’ai faite cosigner par plusieurs de mes collègues UMP , j’ai mentionné le problème spécifique des binationaux et mon opposition à certaines évolutions du débat au sein même de notre mouvement (assimilation des Français de l’étranger à des exilés fiscaux et stigmatisation des binationaux).
Vous pouvez donc comptez sur moi pour rester vigilante et continuer à me battre sur cette question qui me tient à cœur !
