Juin 18 2012

Législatives : résultats du 2e tour pour les Français de l’étranger

Pour ces premières élections législatives organisées à l’étranger, le bilan est mitigé. Au-delà d’un résultat très décevant pour tous les sympathisants du centre et de la droite, avec seulement 3 sièges remportés sur 11 (Claudine Schmid en Suisse, Alain Marsaud au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est, et Thierry Mariani en Asie-Océanie), c’est la persistance d’un niveau d’abstention extrêmement élevé qui doit nous interpeller.

Près de 80% de nos compatriotes votant à l’étranger se sont abstenus (79,1% au premier tour et 79,4% au second tour). Si, en France aussi, l’abstention de ces législatives atteint un niveau inégalé depuis le début de la Ve République, le phénomène demeure près de deux fois plus élevé dans les circonscriptions de l’étranger, soulevant des interrogations quant à la représentativité et donc la légitimité des élus…

Les problèmes d’accessibilité des bureaux de vote (distance géographique ou interminables files d’attente) et les difficultés rencontrées dans l’utilisation de modes de votations pour la première fois autorisés pour des élections de portée nationale expliquent sans doute en partie ce différentiel de participation par rapport à la métropole. En dépit de ratés qui devront être corrigés, l’intérêt d’autoriser le vote par correspondance postale et par Internet à l’étranger se trouve néanmoins validé, puisque plus de la moitié des votants se sont exprimés de cette façon (53,6% par Internet et 1,6% par correspondance postale au 2d tour, et, respectivement, 57% et 2% au 1er tour, sachant que davantage d’électeurs auraient sans doute voté par correspondance, s’ils n’avaient pas été contraints  de déclarer leur volonté d’opter pour cette solution plus de trois mois avant le scrutin !).

Il est donc de plus en plus délicat de faire porter la responsabilité de la très faible participation des électeurs établis hors de France à des difficultés matérielles. Cette très grave abstention, couplée à l’échec de la majorité des candidats présentés par l’UMP devant un électorat jusqu’alors plutôt favorable au centre-droit, est un signal d’alarme. Comme leurs compatriotes de France, les Français de l’étranger aspirent à être représentés par des élus qui connaissent et partagent leur vie quotidienne : le parachutage n’y est pas plus acceptable qu’ailleurs. Comme leurs compatriotes de France, ils ont exprimé une soif de renouvellement. Plus que leurs compatriotes de France, ils voient l’ouverture internationale et le multiculturalisme comme des richesses : comme j’ai eu l’occasion de le dire lors du bureau politique de l’UMP la semaine dernière, ils ont souffert de l’image de « droitisation » de l’UMP et l’ont sanctionnée.

Je note enfin que ce scrutin a renforcé la bipolarisation de la vie politique, plus nettement encore à l’étranger qu’en France. Les étiquettes politiques ont joué un rôle déterminant dans l’élection des nouveaux députés, ne laissant que très peu de chance aux candidats de terrain non investis par les grands partis. Ainsi les deux meilleurs résultats pour une troisième place sont allés à deux élus à l’Assemblée des Français de l’étranger qui, sans investiture, n’ont pu obtenir que 16,09% des suffrages soit 1 851 voix pour Françoise Lindemann dans la 2e circonscription (Amérique du Sud), et 11,34% des  suffrages soit 2 063 voix pour Olivier Cadic dans la 3e circonscription (Nord Europe).

Nous, parlementaires UMP représentant les Français de l’étranger (3 députés et 8 sénateurs), aurons la lourde responsabilité d’analyser le signal de désaveu des électeurs. Ces résultats portent en eux le germe et a nécessité d’une véritable refondation de l’UMP et nous devrons y porter la voix des électeurs établis hors de France. Nous devrons, comme l’ont souligné Jean-François Copé, Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, repartir sur de bonnes bases, réfléchir à ce qui nous rassemble, et avoir une approche plus constructive et plus équilibrée. Il nous reviendra également de remplir notre devoir d’opposants, par respect pour la démocratie, par souci aussi de l’avenir de notre pays confronté à une très grave crise financière. Je salue l’élection de mes onze nouveaux collègues parlementaires et m’emploierai à travailler avec eux pour la défense de nos compatriotes de l’étranger et pour l’intérêt général de notre pays.

Circonscriptions Participation Élu(e) % suffrages
1 (Amérique du Nord) 19,3% Corinne Narassiguin (PS) 54,01%
2 (Amérique du Sud) 15,6% Sergio Coronado (EELV) 53,60%
3 (Europe du Nord) 20,6% Axelle Lemaire (PS) 54,80%
4 (Bénélux) 26,0% Philip Cordery (PS) 53,20%
5 (Péninsule Ibérique) 20,8% Arnaud Leroy (PS) 52,70%
6 (Suisse, Liechtenstein) 22,4% Claudine Schmid (UMP) 57,50%
7 (Europe centrale) 24,1% Pierre-Yves Le Borgn’ (PS) 56,90%
8 (Europe sud-est, Israël) 12,8% Daphna Poznanski (PS) 55,90%
9 (Afrique du Nord et de l’Ouest) 18,3% Pouria Amirshahi (PS) 62,40%
10 (Proche-Orient et Sud Afrique) 23,0% Alain Marsaud (UMP) 53,10%
11 (Asie – Océanie) 26,1% Thierry Mariani (UMP) 52,20%

-> Plus de détails sur le site du Ministère des Affaires étrangères